samedi 26 juin 2010

Disparition du prix Nobel José Saramago


La langue portugaise vient de perdre son seul prix Nobel de littérature. L’écrivain lusophone José Saramago, qui s’est vu attribué le Prix en 1998, est décédé, le 18 juin, à l'âge de 87 ans sur l'île espagnole de Lanzarote (Canaries), où il vivait depuis 1993 avec son épouse, la journaliste Pilar del Rio.

Né le 16 novembre 1922 à Azinhaga au Portugal, l’écrivain publie son premier roman, Terre du pêché, en 1947. Mais ce n’est qu’en 1982, à l’âge de 60 ans, qu’il connaît la célébrité avec Le Dieu Manchot. Roman historique et allégorique, dans la lignée des contes moraux des Lumières et de la littérature baroque, il décrit une monarchie lubrique, dans le Lisbonne du XVIIIe siècle, qui dilapide l’or du royaume pour satisfaire à ses seuls bons plaisirs. Neuf années plus tard, paraît l’ouvrage de tous les scandales L’Évangile selon Jésus-Christ, où l’écrivain imagine un Christ perdant non seulement sa virginité avec Marie-Madeleine mais utilisé en plus par Dieu pour étendre sa domination sur le monde. Le livre provoque une polémique au Portugal et le romancier décide de s’installer aux îles Canaries. Son avant-dernier roman, Le Voyage de l’éléphant, a paru au Seuil en 2009 et faisait partie des dix nominés pour le prix Cévennes. Nous l’avions interrogé en mars dernier à l’occasion de la sortie de la sortie au Cherche-Midi de son Cahier, recueil d’articles que les éditions Einaudi avaient refusé d’éditer en Italie car trop critiques envers Silvio Berlusconi. Son dernier texte, paru au Portugal, Caïn (en cours de traduction au Seuil) a lui aussi fait scandale lors de sa sortie au Portugal. Le prix Nobel laisse derrière lui une trentaine d’œuvres, majoritairement des romans, mais aussi de la poésie, des essais, des pièces de théâtre ainsi que des contes et nouvelles. Membre du parti communiste portugais depuis 1969, il se décrivait lui-même comme un athée et un pessimiste. Critique envers l’Union Européenne qu’il jugeait trop libérale, mais aussi à l’encontre des régimes communistes – dont Cuba – qu’il considérait inégalitaires, il s’est progressivement engagé dans le mouvement altermondialiste.

Magazine Littéraire

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