samedi 24 avril 2010

Meryl Streep

« Le Diable s’habille en Prada » a aiguisé ma vision du monde de la couture

Une pin-up en rouge et noir traverse joyeusement les jardins du Four Seasons Hotel à Beverly Hills. Talons vertigineux, chevelure blonde… C’est bien Meryl Streep qui s’avance à notre rencontre ! Ironie du sort, cette diabolique actrice s’habille bien en Prada. Sa robe écarlate très décolletée est signée par la griffe italienne, comme si son rôle désormais culte de rédactrice en chef de mode, l’avait marquée à jamais. « C’est vrai, je ne figure plus sur les listes des femmes les plus mal fagotées, parce que depuis que j’ai incarné une version d’Anna Wintour, les couturiers continuent à me prêter des vêtements ! » explique en riant la plus grande actrice du monde, devenue aussi l’une des mieux payée d’Hollywood depuis le triomphe de « Mama Mia ! ». Dans la comédie culinaire « Julie et Julia », qui sort le 16 septembre chez nous et sera présentée au festival de Deauville, le caméléon de génie personnifie cette fois Julia Child, qui fut un peu la Maïté de la télé américaine. En attendant de nous en délecter, nous avons essayé d’obtenir la recette magique qu’utilise cette artiste solaire pour demeurer indémodable…

Quels que soient la taille du placard et le choix à l’intérieur, je ne sais pas si c’est pareil pour vous, je mets toujours la même chose. Ça tourne autour de trois ou quatre vêtements

Prestigium. Votre style, en deux mots…
Meryl Streep.
Je n’ai pas de style. Mais je sais reconnaître les nécessités de mon métier. Et j’aime observer les choix, souvent touchants, toujours révélateurs, que font les femmes pour s’habiller.

Le matin, improvisation ou préméditation ?
Meryl Streep.
Je ne connais pas une épouse et mère de famille (Meryl Streep est mariée au sculpteur Don Gummer et a quatre enfants) qui n’attrape pas le premier vêtement qui lui passe par la main le matin. Mon plus grand souci dans la vie est de gérer mon temps… et de trouver cinq minutes pour repasser. Le repassage est une excellente activité pour ne pas prendre la grosse tête ! (Rires.)

Placard ou dressing ?
Meryl Streep.
Quels que soient la taille du placard et le choix à l’intérieur, je ne sais pas si c’est pareil pour vous, je mets toujours la même chose. Ça tourne autour de trois ou quatre vêtements. Mais si j’associe avec des bijoux, comme des petits anneaux simples aux oreilles ou une grosse ceinture, ça fait l’affaire.

Le diable s’habille en Prada » a aiguisé ma vision du monde de la couture : je comprends mieux, depuis, le pont qui relie tout le rêve que représente la mode, avec les exigences financières d’un business comparable à celui du cinéma

Quels sont vos basiques ?
Meryl Streep.
Un jean, un tee-shirt, une veste. Mais, c’est tragique, je conserve des vestes qui datent de mes années universitaires.

Neuf ou vintage ?
Meryl Streep.
J’ai trois filles (dont Mamie Gummer, égérie de Gérard Darel), qui pillent mes affaires en trouvant certaines pièces terriblement « cool », « adorables » et « vintage » ! Je les laisse faire car je ne rentre plus dedans.

Vos créateurs fétiches ?
Meryl Streep.
Depuis « Le diable s’habille en Prada », on continue à m’envoyer des vêtements lorsque je fais la promotion d’un film ou si je dois me rendre à un gala. Qui ne serait pas séduite par la maison Prada ou par des escarpins Louboutin ? (Elle en porte ce jour-là, vernis noirs…) Et puis il y a Valentino, un génie d’une classe unique. « Le diable s’habille en Prada » a aussi aiguisé ma vision du monde de la couture : je comprends mieux, depuis, le pont qui relie tout le rêve que représente la mode, avec les exigences financières d’un business comparable à celui du cinéma. Que ce soit dans la mode ou le cinéma, les artistes ont une responsabilité financière énorme. C’est l’éternel dilemme de faire cohabiter l’art et le fantasme avec les affaires.

En shopping, votre degré d’addiction ?
Meryl Streep.
Plutôt pour la nourriture ! Je suis gourmande mais tournée vers la nourriture simple, locale, bio et de saison. Trouver de bons fruits rouges au marché pendant l’été, quel délice ! Depuis « Julie et Julia » j’ai appris l’importance de bons ustensiles tels que les couteaux ultra-affilés. Si je suis à Paris, je vais acheter un couteau pro.

Je n’ai jamais rêvé de devenir une actrice. Mon rêve était d’être une princesse, et d’épouser le prince Charles !

Vos secrets pour une beauté rapide ? Meryl Streep. (Elle sourit) Je vous aime pour le seul fait de penser que je puisse avoir un secret de beauté. Huit heures de sommeil. Les jours où je peux les avoir, je suis une femme heureuse. Le sommeil est crucial. (Rires.) Je pourrais vous citer tous les trucs que j’ai lus dans les magazines féminins, mais je n’adhère à rien de façon consistante. Surtout pas à l’exercice physique ! La confiance en soi rend séduisant : or, lorsque j’étais plus jeune, j’étais encombrée de nombreux complexes : je trouvais mon nez trop long, je me jugeais inapte socialement… Au fil du temps, toutes ces considérations s’estompent. C’est la grande magie de l’âge !

En voyage, votre kit de survie ?
Meryl Streep.
Du confort. Et comme j’ai la peau pâle des femmes de ma famille, écran solaire si je pars tourner dans un endroit chaud.

Votre icône en style ?
Meryl Streep.
Mon icône absolue : Bette Davis. Mais lorsque j’étais petite, ce qui me faisait fantasmer, c’était les vraies princesses. Je n’ai jamais rêvé devenir une actrice. Mon rêve était d’être une princesse, et d’épouser le prince Charles !

Le Monde

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